Comme tous les enfants, Kamel Mennour avait lui aussi un rêve : celui d’être marchand d’Art. Confirmant l’adage « qui veut, peut », le Français autodidacte est aujourd’hui l’un des grands noms du monde de l’art contemporain.
Tout commence en 1999 quand ce passionné de football ouvre au cœur de Saint-Germain-des-Prés sa première galerie dédiée à la photographie contemporaine.
L’espace fait alors 50m2, mais ne tarde pas à se faire connaître, grâce à sa participation à Paris Photo en 1999, à la FIAC en 2000, puis à Art Basel en 2003.
Progressivement, la galerie qui s’oriente vers les arts plastiques s’agrandit. Kamel Mennour investit un hôtel particulier de 400 m2, situé rue Saint-André-des-Arts, où sont exposés Daniel Buren, François Morellet, Huang Yong Ping, Anish Kapoor, Tadashi Kawamata ou Martin Parr.
Aujourd’hui à la tête de quatre espaces parisiens, Kamel Mennour est le chef de file d’une nouvelle génération de galeristes engagés notamment au profit de l’institut Imagine (qui rassemble, dans une enceinte de Necker, 850 chercheurs spécialistes des maladies génétiques) pour lequel il a déjà organisé trois éditions d’une vente caritative exceptionnelle.
Le luxe ?
Si on lui demande sa définition du luxe d’aujourd’hui, Kamel Mennour ne citera pas une œuvre, un lieu ou un objet. Ni même d’avoir réalisé son rêve d’enfant. Au contraire. Pour le marchand d’Art, le vrai luxe reste profondément immatériel, rattaché à ce qui ne s’achète pas et qui nous surpasse tous : le temps.
« S’accorder du temps et prendre le temps pour profiter de moments sans être dans une logique de productivité et de rendement » est pour ce visionnaire ce qu’il y a de plus précieux dans une vie. « Avec bien sûr les souvenirs et les rencontres ».
D’ailleurs, sa définition du luxe tient en cinq mots : « Temps, Bien-être, Exigence, Exception, Élégance. »
Finalement, le luxe serait cet “art de vivre” au sens littéral du terme : le don d’apprécier la vie pour ce qu’elle est et de faire de chaque instant un moment inoubliable. Avec beaucoup d’humour puisque le comble de l’art de vivre et de l’élégance serait pour lui de simplement « porter un costume avec de jolis souliers sans chaussettes ».
Élégance anticonformiste
Kamel Mennour est aujourd’hui le chef de file d’un univers qui l’a toujours fasciné :
« J’étais émerveillé par les marchands d’art comme Paul Durand-Ruel, je voulais faire ça moi aussi. C’est une vocation. C’était une évidence pour moi, je ne me serais pas vu faire autre chose. »
Aujourd’hui, après plus de 20 ans de carrière, le luxe s’incarne dans son quotidien à travers « des projets d’exception que nous avons eu la chance de réaliser : l’exposition de sculptures de Giacometti en 2010, de tableaux de Malevitch en 2011 ou encore d’encres et d’aquarelles de Zao Wou-Ki et d’un tableau du Caravage à la galerie en 2019.
« Plus récemment, nous avons montré dans notre galerie avenue Matignon un magnifique tableau de Frank Stella. »
Le portrait chinois du luxe :
– Si le luxe devait être un animal : un chat
– une couleur : le noir d’Anish Kapoor
– un son : la voix de ceux qui ne sont plus là ou Le rire de mes enfants
– une musique : concerto pour piano n°2 de Rachmaninov
– une odeur : Chanel n°5, qu’a toujours porté ma mère
– un paysage : un champ à la campagne, peuplé de vaches
– une matière : le brouillard, quelque chose qui nous échappe
– un goût : les chewing-gums Malabar
Mais l’expérience la plus luxueuse qu’il ait jamais vécue reste « Monumenta, qui s’est tenue au Grand Palais du 8 mai au 18 juin 2016. L’exposition avait donné carte blanche à l’artiste chinois Huang Yong Ping. Être seul avec lui et le commissaire d’exposition Jean de Loisy, sous la nef, pour ce projet hors normes est un moment que je n’oublierai jamais.
D’ailleurs, “parler avec les artistes en tête-à-tête, entrer dans l’intimité même du processus de création” symbolise le vrai luxe, car rimant avec rareté et intimité.
En effet, « le luxe s’affiche certainement plus. Avec les réseaux sociaux, il est devenu plus assumé. Quand j’avais 20 ans, le luxe était pour moi quelque chose d’inaccessible, de l’ordre du fantasme. Depuis j’ai réalisé certaines de mes ambitions. Aujourd’hui, j’ai un rapport au luxe qui est plus tangible. »
Et demain ? « Le luxe du futur sera de s’embrasser et se serrer dans les bras. » Tout simplement.
Légendes des photos :
Image du titre : Kamel Mennour avec “Judith and Holofernes”, circa 1607, peinture sur toile de Michelangelo Merisi, connu sous le nom de il Caravaggio ou Caravaggio (1571-1610)
Image du centre : Vue de l’exposition “Encres et aquarelles (1948-2009)”, organisé par Erik Verhagen. Gallery kamel mennour (47 rue Saint-André-des-Arts), Paris 6, 2019
Crédits :
Archives kamel mennour – Courtesy kamel mennour, Paris/London
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